Des rapports entre les Sespechiens.« Les habitants du Sespech, bien qu'ils n'apprécient guère de l'avouer, sont et restent Chondathiens de par leur culture. En effet, comme au Cormyr, en Sembie, ou, dans une moindre mesure, à Eauprofonde (où l'on sait que les brassages ont créé des différences notables et souvent regrettables avec le reste du monde), la société est organisée en ce que l'on pourrait nommer des classes.
Au sommet, il y a, bien entendu, la noblesse, dirigée par un roi ou, au Sespech, le baron Thuragar. Bien sûr, du fait du statut initial de baronnie de la contrée, elle est moins puissante qu'ailleurs, et on ne trouve guère que quelques petits marquis, des chevaliers, et des propriétaires terriens. Le Sespech étant une terre fertile, la noblesse locale est riche. Le statut des nobles, malgré l'indépendance, ne diffère pas tellement de la plupart des autres noblesses chondathiennes. En effet, un noble a de nombreux droits et avantages. Des aventuriers de passage, amers et cyniques, affirment souvent que « Comme ailleurs, faudrait qu'y massacrent un village pour qu'on s'tourne vers eux ». L'idée y est presque, sans trop d'exagération... Mais ces aventuriers se gardent de dire ça en face des dits nobles ; un nœud coulant, c'est assez rapide à faire, pour un bourreau expérimenté. Et la mort par suffocation touche aussi bien les marchands que les paysans, quand ils critiquent imprudemment. Même si, bien entendu, les nobles n'abusent pas de leurs privilèges -on est pas au Chondath-, ils peuvent parfaitement faire enfermer et ruiner un marchand, tout aussi puissant soit-il.
Le clergé, au Sespech, est respecté, surtout vers des villes comme Elbulder. Considérée comme une plaque tournante des aventuriers du Sespech, la ville voit passer des groupes et des groupes de futurs héros (ou de futurs cadavres, selon le point de vue), ce qui est plutôt profitable au clergé de Tymora... Tant que les aventuriers restent imprudents. La Vieille Route, qui passe par Elbulder contribue à enrichir le culte de Waukyne ; la plupart des marchands opérant de longs et fructueux voyages, les taxes sur le commerce rapportent beaucoup. Le fait que la région soit fertile contribue à la renommée du culte de Chauntéa, et le bois tout proche attire quelques druides d'Eldath.
Dans les villes, on retrouve plusieurs couches. Dans une ville comme Elbulder, par exemple, certains puissants marchands sont presque égaux à la noblesse et au clergé. En effet, le flux permanent d'aventuriers permet de constituer des meutes de mercenaires, pour qui a de l'or... Et certains marchands en ont beaucoup. La milice est d'ailleurs partiellement financée par les marchands. Mais ils ne sont que presque égaux, car un noble pourra toujours faire ce qu'il veut du marchand qui critique trop...
Juste en dessous viennent deux professions distinctes : les forgerons et les aubergistes ! Le nombre d'aventuriers qui passe par la ville et, plus généralement, par le Sespech, les a fait se multiplier. Les tanneurs, malgré la demande en armures de cuir, n'ont étonnamment pas la même popularité... La population ne doit pas trop les sentir.
Enfin viennent les autres artisans ou les simples travailleurs. Si on concède qu'un bijoutier qui vend aux plus riches se situe presque au niveau d'un marchand, une maquerelle d'un quartier huppé ne sera pas en reste.
Les paysans, enfin, ont très peu de droits. Vivant tous sur des terres appartenant à la noblesse toute-puissante, ils ne peuvent guère vivre comme ils l'entendent... Les propriétaires, cependant, leur accordent parfois le droit de garder plus de quelques sacs de blé les années de disette, parce que, bien entendu, on est pas au Chondath.
Reste encore quelques catégories, plus atypiques. Les aventuriers sont généralement considérés comme des citoyens normaux, si ce n'est certains qui s'enrichissent. Cependant, les taverniers ont tendance à offrir un premier verre à tout nouvel aventurier qui se présente à leur auberge... Mais garde à celui qui essaie d'en profiter ; dans le cercle très fermé des taverniers, on n'hésite pas à interdire l'entrée à ceux qui tentent d'abuser de l'hospitalité du Sespech. Les nomades, eux, sont encore moins bien vus que les paysans. Ils ne sont pas citoyens du Sespech et n'ont ni droits, ni devoirs. Un garde ne les aidera que si le cœur lui en dit, et il est extrêmement rare que ce soit le cas. Bien des fois, on a tenté de les faire partir, mais ils étaient toujours là. Les cités ont donc fini par se résigner, en faisant avec. »
Lekey Garansson, voyageur et guide